Historique


HAPITRE - I   - Cette chapelle, dédiée au Saint fondateur... Cliquez pour ouvrir et fermer le chapitre Cliquez

ette chapelle, dédiée au Saint fondateur de l’Ordre des Chartreux, est édifiée au milieu des ruines du monastère cartusien SAINTE MARIE de VALLON, sur les vestiges de l’ancienne église conventuelle.
En effet, des moines ont mené en ce lieu une vie de prière dans la solitude et le silence, pendant près de quatre siècles.
En l’an 1138, les familles de BALLAISON, CERVENS et de LANGIN lui ayant fait don du « désert de Vallon » avec toutes ses appartenances et dépendances, Dom Hugues ROGIN, Prieur de la Chartreuse, accompagné de quelques confrères, prend possession des terres de la rive droite du Brevon, à partir du rocher d’Oïl jusqu’au rocher du Châtelard, et l’alpe de Nifflon sur le territoire du Chablais.

La petite colonie monacale entreprend aussitôt la construction d’une résidence, au lieu appelé Génicot (aujourd’hui l’Abbaye), à 200 mètres de l’embouchure du nant de la Diomaz dans le Brevon. Il ne s’agit encore que de cabanes de bois indépendantes qui se succèdent autour d’une galerie, avec une chapelle rustique pour les exercices réguliers et divers locaux destinés aux réunions en commun, selon le modèle des premières Chartreuses. Ce nouvel ermitage reçoit le nom de « COUVENT SAINTE MARIE de VALLON ».

Cependant le monastère de Génicot n’a qu’une existence brève. Vers 1150, Aimon 1er, Seigneur du Faucigny, octroie aux Chartreux, sur la rive gauche du Brevon, « les dépendances des montagnes qui sont de son droit, dans le val de Vallon ». En 1160, sans doute à l’invitation du bienfaiteur mais peut-être aussi pour raison de configuration du terrain, la Chartreuse SAINTE MARIE de VALLON se transporte de l’autre côté du Brevon, à 500 mètres de Génicot, au lieu appelé la Chèvre, à l’emplacement où se trouvent les ruines aujourd’hui. En cet endroit est construit, avec des matériaux solides, ainsi qu’en témoignent les ruines, le monastère définitif comprenant vestibule d’entrée servant d’habitation aux frères convers et aux visiteurs, grand cloître le long duquel sont alignées treize maisonnettes ou cellules des religieux prêtres, petit cloître donnant accès à la salle du Chapitre, à la bibliothèque, aux archives, aux vestiaires, à la cuisine et à l’Eglise dédiée à N.D de l’Annonciation. En 1170, Ardutius, évêque de Genève et frère d’Aimon de Faucigny, procède à la bénédiction des bâtiments et du cimetière.

Après la cession faite en 1170 par Guillaume 1er, Abbé d’Aulps, de tous les droits que lui et ses religieux peuvent avoir sur les terres du versant de Vallon, depuis le Rocher d’Oïl jusqu’au rocher de Nifflon et les nouvelles donations des montagnes de Foron et Sommant , en 1185 par Aimon de Faucigny et de la montagne de Vésinaz par Henri de Faucigny en 1190, la Chartreuse de Vallon se trouve en possession d’un immense territoire d’un seul tenant, aujourd’hui réparti entre quatre communes : BELLEVAUX pour la totalité de Vallon, MEGEVETTE avec Diomaz, MIEUSSY avec Herlionnaz, les Munes et Sommant, LA COTE D’ARBROZ avec Sous-Foron.

Avec les terres, les Chartreux se voient attribuer tous les privilèges et prérogatives de la féodalité. Ils deviennent les SEIGNEURS de VALLON. Pour mettre en valeur leur domaine, ils font venir des hommes avec leurs familles, lesquels reçoivent une portion de terrain en albergement. C’est l’origine d’une grande partie de la population de Bellevaux. Pour leur tranquillité et le silence, les Chartreux se réservent toutefois la haute vallée du Brevon, d’abord à partir de l’étranglement de la cluse de Porte, puis après l’albergement de la Meille et du Cerny, en 1426, à partir du nant de la Chauronde.
L’avenir du monastère est assuré, les moines vont vivre dans la paix et la tranquillité pendant trois cent quatre-vingt trois ans.
HAPITRE - II  - Malheureusement, au XVIème siècle... Cliquez pour ouvrir et fermer le chapitre Cliquez

alheureusement, au XVIème siècle, le couvent SAINTE MARIE de VALLON va subir les contrecoups à la fois de la réforme protestante à Genève et des rivalités, pour la domination de l’Italie, entre le Roi de France François 1er et l’Empereur Charles QUINT, suzerain du Duché de Savoie.

En 1536, les troupes françaises pénètrent en SAVOIE pour s’assurer la maîtrise des passages dans les Alpes vers la Lombardie et contraignent le Duc Charles III à se réfugier à Verceil. Les Bernois protestants, alliés de la France depuis le « Traité de paix perpétuelle » de 1516, venus soutenir les Genevois après l’éviction du Duc de Savoie, l’expulsion du Chapitre épiscopal et l’exode des catholiques, la « grande départie », profitent de la situation pour occuper le Chablais jusqu’à la Dranse où ils sont arrêtés par les Valaisans catholiques, autres envahisseurs, et les habitants de la Vallée d’Aulps, les « Véros ». Les Seigneurs de Berne, qui deviennent bien vite les « très redouté Seigneurs de Berne » se proclament maîtres du pays et entreprennent sans tarder l’instauration du protestantisme dans le Chablais. L’édit du 24 décembre 1536 ordonne l’abolition du culte romain, la vente ou la démolition des couvents et le retour des biens fonds aux donateurs. Les moines de Vallon se croient à l’abri du fait de la situation de leur couvent sur le territoire du Faucigny. La Princesse Charlotte d’Orléans, tante de François 1er et régente du Faucigny intervient pour que les Bernois respectent le Monastère SAINTE MARIE de VALLON ainsi que son domaine. Une contestation naît alors au sujet des confins de la Baronnie du Faucigny. Les Bernois prétendent que la séparation n’est pas le cours du Brevon mais la ligne de crête des sommités dominant Vallon du côté du couchant. L’affaire est portée devant le Conseil du Roi de France, lequel rend sa sentence au bout de sept ans, attribuant Vallon en son entier au Chablais.

C’est donc en 1543, que les Chartreux de Vallon sont contraints de quitter leur monastère pour ne jamais revenir.
A peine les moines sont-ils partis que commence la démolition du couvent et de l’Eglise. Le portail d’entrée de celle-ci est enlevé et transporté à Habère-Lullin pour servir à la construction d’un temple protestant et, par la suite, être placé à l’entrée de la Maison du Seigneur Gaspard de Genève, marquis de Lullin, à Thonon. Les grangeries du domaine réservé, l’Econduit, la Bauveau, le Grand-Champs, le Court-Champs, Génicot, la Chèvrerie, les Favières, Bellecombe, la Chèvre ainsi que les montagnes du Foron et Vésinaz sont albergés dès 1544. Les familles bienfaitrices ne s’étant pas manifestées pour reprendre leurs biens, les Bernois retiennent pour eux la propriété de la Seigneurie et toutes les forêts, si bien que les revenus de la Chartreuse de Vallon alimentent pendant plusieurs décennies le Trésor de la République de Berne.
Cependant, l’occupation bernoise a une fin.
HAPITRE - III - Ce 10 août 1557, Emmanuel Philibert 1er... Cliquez pour ouvrir et fermer le chapitre Cliquez

e 10 août 1557, Emmanuel Philibert 1er, fils de Charles III, 10ème Duc de Savoie, remporte, à la tête des armées impériales, contre l’armée française, la victoire de SAINT QUENTIN qui marque la fin des ambitions italiennes de la France. Le Traité de CATEAU CAMBRESIS, du 25 avril 1559, rend au jeune Duc ses états, à l’exception toutefois du Chablais qui ne sera restitué par les Bernois qu’après la signature du Traité de LAUSANNE, le 30 octobre 1564.

Deux clauses de ce traité sont défavorables aux ordres religieux :
1°/ Il ne devra rien être changé au sujet de la religion actuellement établie, c’est à dire le protestantisme.
2°/ Tous les contrats, achats, ventes conclus au temps de l’occupation, avec l’autorisation des Seigneurs de Berne, ne pourrons être résiliés ni modifiés en aucune façon.

Les biens dont les Bernois s’étaient réservés la possession sont remis directement et à titre personnel à Emmanuel Philibert. Le Duc pourrait rendre aux Chartreux une partie de ce qui leur appartient, mais il ne le fait pas !
En 1569, pour subvenir au financement de la reconstruction du Fort de l’Annonciade, près de Rumilly, à l’insu des Chartreux, il vend, sous réserve du droit de rachat perpétuel, à Sir François JOLY, écuyer de la ville de Thonon et co-seigneur du val d’Aulps, la Seigneurie de Vallon avec tous ses revenus féodaux. En 1582, pour payer l’acquisition du Comté de Tende, Charles-Emmanuel, 11ème Duc de Savoie, vend, à son tour, toujours sous grâces de rachat « la plus-value des droits de pouvoir racheter la terre et Seigneurie de Vallon, ensemble les bois, forêts et choses en dépendant » à Noble François de Bellegarde, lequel, par acte du 24 mars 1583, cède le tout à Noble Guy GUILLET, co-seigneur de Monthoux.
Les Bernois ayant fait une tentative de réoccupation du Chablais en 1589, le Duc Charles Emmanuel voit en cette agression une violation du traité de LAUSANNE et s’estime délié de ses clauses. Il décide de purger le Chablais de l’hérésie protestante. Un décret du 8 octobre 1599, confirmé par arrêt du sénat de Savoie du 7 novembre 1599 et signifié par huissier le 20 novembre 1599, ordonne la mise entre les mains des Chartreux, des biens de la Maison de Vallon. Cette mesure suscite l’opposition des acquéreurs qui prétendent être en possession légitime et s’en suivent de longues procédures.  Pour mettre fin au différend, le Prince Charles Emmanuel fait savoir, par acte du 1er avril 1607, que les Chartreux s’engagent à rembourser les prix d’achat des biens, augmentés « des légitimes accessoires » au nombre desquels une somme pour « renfort de monnaies ». Cet arrangement est accepté sans trop de difficultés au cours de l’année 1608 par la presque totalité des détenteurs de biens ayant appartenu aux Chartreux avant l’invasion bernoise, y compris par les héritiers de François JOLY. Par contre la procédure avec la famille de Monthoux va se poursuivre encore pendant près de cinquante ans.

Ce n’est que le 8 juillet 1657, soit quatre-vingt dix ans après le départ des bernois que, tant en son nom qu’en celui de sa fille Françoise, Marquise de Triviers, la veuve du Conseiller d’Etat et président de Monthoux, accepte « de se départir des droits et prétentions qu’elle a ou pourrait avoir sur la terre de Vallon et le temporel des Religieux ».
HAPITRE - II - Ces difficultés rencontrées pour recouvrer... Cliquez pour ouvrir et fermer le chapitre Cliquez

es difficultés rencontrées pour recouvrer la libre disposition des leurs biens et aussi l’énormité des indemnités que les Chartreux doivent verser aux occupants de leur domaine sont les raisons de l’abandon, par la force des choses, du projet de reconstruction d’un monastère à Vallon élaboré en 1610  par le R.P. Dom LAURENT de Saint-Sixt. Mis au courant de la situation, Saint François de Sales envisage, en 1613, de loger les moines de Vallon à Filly, à 12 km à l’ouest de Thonon, sur la commune de Sciez. Finalement, c’est Ripaille qui est retenu, sur proposition du Duc Charles Emmanuel, voulant sans doute se faire pardonner l’attitude équivoque dans le passé de son père et de lui-même. Le couvent-forteresse de Ripaille, construit par le Duc Amédée VIII, a été saccagé par les Suisses le 23 avril 1589. La remise en état nécessite de longs travaux et la prise de possession par les Chartreux a lieu le 23 avril 1624. Le nouveau monastère prend le nom de « CHARTREUSE de RIPAILLE-VALLON ». C’est de Ripaille qu’est administré désormais le domaine de Vallon. Seule une maison forte est aménagée à Génicot pour servir de pied-à-terre.

Une Chapelle est néanmoins reconstruite en 1651, sous le vocable de SAINT-BRUNO, sur les murs non totalement écroulés du chœur et la partie de la nef réservée aux Pères, dans l’ancienne église du monastère de la Chèvre, l’esplanade devant la Chapelle marquant l’emplacement de la partie de l’édifice primitif accessible aux Frères et aux laïcs. Se crée bien vite un mouvement de piété vers cette Chapelle. On vient en pèlerinage demander à SAINT-BRUNO le temps favorable pour les récoltes.

En 1793, après l’entrée en Savoie des armées révolutionnaires de la France, la Chapelle SAINT-BRUNO est vendue comme bien national en même temps que les autres possessions des Chartreux à Vallon. Elle est profanée et les acquéreurs la laissent tomber en ruine après l’avoir dépouillée de sa toiture.

En 1834, à l’instigation de Monseigneur Pierre-Joseph REY, évêque d’Annecy et enfant du pays, la restauration est entreprise : réparation des murs et de la voûte, pose d’une toiture et d’un clocher. L’inauguration de la Chapelle remise à neuf a lieu en 1836. En 1847, la Chapelle est cédée à la Fabrique de la Paroisse de Bellevaux. En 1855, la maison de Génicot  brûle et des tisons enflammés sont portés par le vent sur le toit en « tavaillons » de la Chapelle qui est bien vite la proie des flammes. Il ne reste que des murs calcinés.

Dès l’automne 1855, le Révérend CHAPPAZ, Curé de Bellevaux, entreprend de relever une nouvelle fois la Chapelle à l’aide de fonds obtenus par une collecte auprès des paroissiens. Les réparations sont faites dans le courant de l’année 1856 : toiture en ardoises surmontée d’un clocheton, voûte en plâtre, plancher et ajout d’une tribune. Le 11 juin 1864 est érigé dans la Chapelle le chemin de croix qui se trouvait dans l’Eglise de Bellevaux, don de Mgr REY. En septembre 1871, une nouvelle souscription permet de doter le clocheton d’une cloche commandée à Lyon, portant le millésime 1871 et l’inscription : « St Bruno ora pro nobis – Parrain Polycarpe Pasquier, Marraine Marie Tornier – Sage Archiprêtre et Prieur de Bellevaux ». La bénédiction de cette cloche est l’occasion d’une grande fête, le 6 octobre 1871. En 1882, le révérend SAGE fait restaurer le clocher emporté par une tempête.

Lors de la séparation de l’Eglise et de l’état en 1905, la Chapelle SAINT-BRUNO est dévolue au Bureau de Bienfaisance de la commune de Bellevaux qui en est toujours propriétaire. Le culte de SAINT-BRUNO se maintient vivant jusqu’en 1935, pour ne plus être célébré, par la suite, que par la fête du 6 octobre. Fermée pendant de longues périodes, sans être aérée, la Chapelle se détériore lentement sous l’action de l’humidité.